Yves Gernigon : « Militantisme européen, être politique ou ne plus être »

Oct 15 2015

A l’occasion de la « Marche pour une nouvelle Europe » le samedi 23 juin à Bruxelles, Yves Gernigon a délivré un message d’espoir s’agissant du combat européen. 

« Plus de 70 ans après la création de l’Europe, les militants pro-européens ont gagné un premier combat, celui de l’opinion publique.

Les enquêtes montrent que les citoyens jugent l’Europe comme ayant le pouvoir de les protéger face à la mondialisation ou pouvant s’ériger comme puissance internationale face à l’hégémonie américaine, chinoise, indienne ou russe. La liberté de circulation est appréciée et l’adhésion à l’euro est majoritaire.

Aujourd’hui, même les souverainistes reconnaissent le bienfondé des coopérations européennes, c’est dire ! Après l’échec du FN à la présidentielle en France et les difficultés de la Lega et du M5S pour conclure un contrat de gouvernement en Italie, force est de constater que les nationalistes sont de plus en plus réticents à quitter l’euro.

Cependant loin de se contenter de ce satisfecit, un second combat nous attend, celui de la bataille électorale. Car paradoxalement, si l’Europe jouit d’un bon crédit auprès de ses citoyens, le vote anti-européen a progressé et reste une menace pour notre avenir.

Bien qu’une majorité juge positivement l’Europe, les Européens ne sont pas en phase avec celle qui leur est proposée.

Les institutions européennes sont considérées comme non démocratiques, les politiques de l’emploi sont jugées injustes et menaçantes pour la protection sociale – du moins par les Européens de l’Ouest. L’Europe est également estimée impuissante à juguler la déferlante migratoire ou le terrorisme. L’absence de frontières externes européennes et les élargissements sans fin, sont aussi facteurs de défiance.

Ces déceptions sont utilisées électoralement par les partis souverainistes et antisystème qui progressent lors de chaque scrutin notamment en France, en Allemagne ou en Italie.

Ce risque électoral nous oblige donc aujourd’hui, nous activistes européens, à entrer de plein pied dans le champ politique pour lutter à armes égales contre nos adversaires.

Désormais, nous ne pouvons plus nous contenter de participer à quelques inoffensifs rassemblements de drapeaux bleus frappés des douze étoiles ou de nous borner à défendre Erasmus, programme qui ne concerne que 1 ou 2 % des étudiants européens.

Aujourd’hui, nous devons nous adresser à l’ensemble de nos concitoyens et proposer des mesures politiques sur des sujets considérés comme brûlants : développement économique, protection des droits sociaux ou lutte contre les migrations illégales.

Nous devons prouver que l’UE se préoccupe des intérêts de tous les Européens et qu’elle est capable d’apporter des réponses aux défis de demain.

Cette démarche demande l’élaboration d’un programme politique précis qui nous oblige à faire des choix orientés. Cet effort de politisation se fera donc au prix d’antagonismes et d’une segmentation de la pléthorique famille pro-européenne.

Mais l’enjeu des batailles électorales à venir – la préservation de notre avenir et la survie de l’Europe – nous oblige à suivre cette voie. »

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