Le plan d’assouplissement monétaire de Mario Draghi, un essai intéressant qui ne demande qu’à être transformé

Jan 22 2015

La date du jeudi 22 janvier 2015 marque une nouvelle étape, historique, de cette politique audacieuse et volontariste du président de la BCE, Mario DRAGHI, qui sait prendre des mesures importantes et « non conventionnelles ». La BCE va, en effet, injecter 1.140 milliards d’euros en rachetant des dettes publiques d’Etats et des dettes privées, au rythme de 60 milliards d’euro par mois dès mars 2015, et jusqu’à septembre 2016. Tous les gouvernements de la zone euro ont salué ce plan de la BCE, ainsi que les places financières, y voyant un effet à terme sur l’économie réelle et sa légitime relance.

Ce tournant historique a certes beaucoup d’avantages, pour contribuer à la relance de la croissance, et au retour de la compétitivité des entreprises, créatrices d’emplois, mais quatre bémols doivent quand même être énoncés :

– seulement 20% des achats d’actifs (de dettes) seront sous garantie commune de la BCE, les 80% restant étant couverts par …les banques centrales nationales. Et en laissant la garantie aux banques centrales nationales pour 80% des rachats de dette, on prend le risque de faire augmenter les primes demandées par les investisseurs dans les pays où ils ont moins confiance, de leurs investissements et de leurs remboursements…

– l’inflation, même modeste, (0,5% à 1,5%), générée par ce plan, comme la baisse de l’euro, créeront une perte de pouvoir d’achat pour les particuliers et alourdiront la charge des dettes pour les Etats, les collectivités, les entreprises, vu que l’on remboursera dans une monnaie plus faible.

– le rachat de la dette grecque sera-t-il possible dans cette opération d’assouplissement monétaire qui prévoit de racheter des dettes « sûres »? Or, c’est la Grèce qui en a le plus besoin, devant le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la France !

– ce montant de rachat de dettes (1140 milliards) n’est, quand même, pas si astronomique que cela, comparé aux injections monétaires des Etats-Unis entre 2008 et 2014.

Gardons-nous de toute euphorie : cette politique monétaire innovante, jamais essayée par la BCE jusqu’alors est un tournant majeur, mais ne peut tout régler. C’est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour relancer la croissance. Ce n’est pas la BCE qui crée des emplois. Ce sont les entreprises, dans les Etats qui ont fait des réformes nécessaires. L’assouplissement monétaire, aura certes des effets sur l’économie européenne, mais à long terme. Profiter de l’aubaine pour ne rien faire serait tragique pour les pays cigales, qui n’ont pas fait de réformes structurelles, ni de relance par l’investissement productif.

Le Parti Fédéraliste Européen-France ne peut qu’approuver ce plan de la BCE.

Toutefois le Parti Fédéraliste Européen-France dénonce le poids des Etats-nations dans ce partage des rôles entre les Etats et la BCE pour la garantie de la dette. L’euro est une monnaie fédérale, avec son instance de gouvernance et de pilotage fédéral qu’est la BCE. La BCE doit pleinement  incarner la solidarité entre tous les membres de la zone euro.

Par ailleurs, le Parti Fédéralisme Européen-France appelle de ses vœux la création d’un « Trésor européen » fédéral, ainsi que d’un budget européen doté de ressources propres. Le Parti Fédéraliste Européen-France demande aussi la mise en place de « Projects Bonds », afin d’investir sur de grands projets européens, dans l’industrie et les nouvelles technologies. Les liquidités déversées doivent se transformer en investissements massifs en zone euro.

Tant que l’on n’aura pas franchi ce pas décisif, il y aura les « bons » et les « mauvais » États, les performants et les fragiles, qui se neutralisent par une concurrence absurde et suicidaire. L’esprit communautaire ne doit pas être une option, mais une évidence. Le fédéralisme, c’est pour tout de suite. La BCE nous montre la voie. Saisissons cette chance !

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